Laques sur bois peint : créations Charlotte Noyelle

« Au Vin des Rues »

pièce unique 2003

tous droits de reproduction réservés sur tous supports

« Au Vin des Rues,

café épicerie, restaurant, dépôt de journaux et autres

Odeurs du parquet lessivé chaque vendredi, devenu gris

de fruits trop mûrs, invendus

de ragoût du jour mijoté pour midi

La propriétaire depuis on ne sait plus quand

se nomme

la Mère Camou.

N'en tire aucune fierté.

Immuable

dans son long gilet marine tricoté main

En guise de tiroir-caisse

l'immense poche de sa blouse aux motifs fleuris

Carte de paiement refusée

Au Vin des Rues

on y vient pour passer le temps

parler du temps dans les nuages

sujet intarissable.

Par la fenêtre

les rayons de soleil où flottent des grains de poussière

rappellent qu'aujourd'hui

c'est beau temps!

Du journal local

consulté sur place

sous le regard consentant d'la Mère Camou

on évoque les mariages

naissances

enterrements

ça dépend

Autour d'un verre

quand vient la politique

sujet brûlant

l'on ressort plus ivre de paroles que de vin

du Vin des Rues.

Derrière son comptoir acajou

patiné par le temps

la Mère Camou,

sentinelle bienveillante

voit passer mille gens

mais pas le temps. »

« Au Vin des Rues », Viviane Jourdan