Exposition « Les Herbes de la Saint-Jean, gravures de Charlotte Noyelle »

Estampes sur kakemono de soie

Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris

23 juin –27 septembre 1992

Arboretum de Chèvreloup (78 Rocquencourt)

Rarement des créations plastiques – les estampes d’herbes médicinales de Charlotte Noyelle – auront été présentées en pareille symbiose avec les lieux qui les accueillent,  Les végétaux utilisés pour la réalisation des gravures ont été choisis pour l’artiste au cours de l’été précédent  par les jardiniers du Muséum National d’Histoire Naturelle, parmi leurs plantations de l’Ecole de Botanique et du Jardin Alpin, au cœur du Jardin des Plantes de Paris. Ils ont longuement séché sous presse à herbier avant d’être sélectionnés pour imprimer les monotypes sur papier ou sur bois que Charlotte Noyelle a réunis pour ces expositions. D’autres végétaux , collectés l’été suivant et accrochés parmi les estampes, forment un environnement plastique intégralement dédié au monde des simples : armoise, rue, bardane, bouillon blanc, menthe, lierre, tanaisie, sauge, alchémille, potentille, marjolaine, herbe-à-robert, consoude, cassisier, aubépine, achillée, et bien d’autres.

 

La volonté de Charlotte Noyelle de concevoir pour chacune de ses expositions un ensemble d’œuvres spécifiquement créées pour l’espace dans lequel elle seront présentées, atteint ici son point culminant ; tout comme la fidélité au monde végétal, présent dans toutes les techniques qu’elle pratique – photographie, gravure, calligraphie ou sculpture – qui transforme, dans les sites qui l’accueillent, ces poétiques gravures en une installation symbolique et primitive.

 

 

« Les archéologues nous disent que, au Proche-Orient, dès le Paléolithique, de lointains ancêtres parsemaient de fleurs le corps des défunts qu’ils mettaient en sépulture : rite funéraire de conjuration de la mort, de maintien de la vie ! Plantes et magie, magie qui côtoyait la médecine, font depuis bien longtemps, route commune dans la vie et les croyances des sociétés et civilisations humaines. Sans doute, les progrès de la science ont-ils contribué à dissiper quelque peu l’emprise des vieilles croyances sans pour autant les faire disparaître. Les plantes, les « herbes », les fleurs n’ont pas perdu toute leur valeur magique. A commencer par la persistance des rites de la Saint-Jean auxquels participent bien des végétaux et qui témoignent fort de la durabilité d’anciennes symboliques pré-chrétiennes.

 

Et il arrive que des artistes sacrifient à ces dernières. C’est le cas de Charlotte Noyelle qui, avec infiniment de talent, crée de si belles estampes avec des fragments d’herbes médicinales cueillies au jardin des Plantes de Paris ou à l’Arboretum de Chèvreloup.

Certes ce n’est pas là œuvre botanique, mais hommage rendu à la beauté et au mystère du végétal sublimés dans d’harmonieuses compositions. Elles sont là pour nous faire souvenir que ce végétal n’est pas qu’utilitaire, et que , heureusement, il est aussi bon à penser et à rêver. »

Jacques Barrau, Professeur au Muséum National d’Histoire Naturelle

 

 

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